jeudi 19 novembre 2009

Identité nationale, entre les flaques





Vous n'avez pas idée comme je slalome, depuis un mois. Je slalome entre les flaques. Il y en a partout. Une vraie infection. Des flaques de quoi ? Des flaques d'identité nationale, évidemment. Partout. A la une des journaux. Dans les bulletins d'info des radios. Jusqu'au coeur des faits divers, des polémiques littéraires, des papiers de sport. Il a réussi son coup, Besson. Dès le premier jour, je m'étais promis d'éviter. J'espère que jusqu'ici, vous appréciez la performance. Mais à ce rythme, bientôt, il ne me restera que la lune. On vient d'y découvrir aussi des flaques. Mais ouf, ce n'est que de l'eau.
Rien que ce matin. Titres de presse, sur France Inter. "Libé fait une grande opération sur l'identité nationale des philosophes". Très bien. La semaine prochaine, les géographes, ou les boulangers. Parfait. Il faut les voir tous se précipiter, sur l'air de "on sait bien que c'est une diversion, ce coup de l'identité, on n'est pas dupes, on ne nous la fait pas, mais on ne peut quand même pas laisser Besson occuper le terrain" (Ah tiens, pourquoi pas?) "Et d'ailleurs, cela intéresse les Français" (Ah ben, si vous le dites...) Pendant ce temps, globalement, de fronde des barons en mouvement d'humeur des notables, la grande opération sarkozyste de re-centralisation est en train de passer comme une lettre à la poste.
Sinon, on a sport. Si vous n'avez pas suivi ( je sais que vous êtes parfois distraits), il y a eu foot, hier soir. Et il y a même eu une main de Thierry Henry. A quelque chose, tricherie est bonne, me dis-je. En plongeant hardiment dans les flaques de foot, on va peut-être pouvoir éviter les flaques d'IN. Allons donc ! Tu rêves. Elkabbach a invité Finkielkraut. Pour nous offrir une vue panoramique sur la main, il faut rien moins que Finkielkraut. Donc, Finkielkraut condamne la main. La main lui a gâché sa soirée. Tiffosi occasionnel, le philosophe reste philosophe. Mais heureusement, ajoute Finkielkraut, Thierry Henry a reconnu sa main. Ainsi, se réjouit Finkielkraut, "la France ne s'est pas tiers-mondisée". Car une chose sépare les tiers-mondisés des développés que nous sommes. Le tiers-mondisé ajoute l'infâmie à la gruge, en ne reconnaissant pas sa gruge. Le développé a la tricherie chevaleresque. C'est aussi une composante de l'identité nationale. Et flac, dans la flaque.

Par Daniel Schneidermann le 19/11/2009 ( copié/collé de son billet  " le neuf-quinze " )

ps : on remarquera comment des sites type france-info ( cf le lien en surbrillance ) ont élagué dans les finky's propos. la phrase sur la tiers-mondisation s'en trouvant , par un coup de main divin là aussi en quelque sorte,  expulsée.