mercredi 7 septembre 2011

Riches : la chasse est ouverte (D. Schneidermann)



Et si la pétition des méga-riches, premier fumigène de la rentrée , avait ouvert les vannes de la chasse aux simples riches ? (...)
La principale caractéritique d'une dynamique, c'est qu'une fois lancée, elle devient difficilement contrôlable. On dirait bien que c'est fait: la chasse aux simples riches est ouverte, dans un certain désordre. Dans un de ces micro-trottoirs dont France 2 a le secret pour éviter de traiter les sujets, Pujadas interrogeait mardi soir les passants sur la définition du riche. Au-dessus de combien ? 4000, 5000, 10 000 euros par mois ?
Cette guerre fait même rage à l'UMP, remarquait drôlement Thomas Legrand sur France Inter, sur fond de sondages catastrophiques pour Sarkozy, y compris sur sa crédibilité à réduire la dette. Va-t-on chasser uniquement les super-riches, ou tous les riches ? L'Elysée, à en croire Libé, serait hostile à descendre le plancher d'une taxe supplémentaire à 250 000 euros annuels, au lieu de 500 000, car cela laisserait penser qu'on s'en prend aux "classes moyennes". Cela laisse rêveur quant à la définition sarkozyste des "classes moyennes". On rêverait d'un micro-trottoir chez les députés UMP, pour les interroger, eux, sur leur définition du riche.
Tout se passe comme si la crise de l'été, la menace de la dégradation de la France, ou de l'explosion de la zone euro, ou des deux, avaient retourné en quelques semaines la "victoire idéologique" que Fillon se targuait d'avoir remportée en 2008. Réécoutons-le:
"on a emmené les Français sur le terrain idéologique que nous souhaitions, et c'est un grand motif de satisfaction".
Comme c'est loin ! En quelques semaines, une bonne partie de l'UMP est passée (verbalement) chez ATTAC. Le principe d'une taxation, même symbolique, des riches, et des biens consommés par les riches (les nuitées d'hôtels de luxe) ne fait plus d'obstacle pour personne. Face à cette spectaculaire conversion, on attend, en face, une gauche décomplexée, qui réhabilite l'impôt, et affiche effrontément son intention de trouver l'argent où il est: dans les poches des riches.
Curieusement, on ne la voit pas arriver.